Chemise Vitamine (Ivanne S)

Cet hiver, profitant du mauvais temps, j’ai terminé un projet débuté au printemps dernier que j’avais laissé de côté pour me concentrer sur d’autres activités. Un peu plus technique que les projets « faciles » que je couds habituellement, j’ai aussi voulu prendre mon temps pour ne pas être frustrée par de (trop) mauvaises finitions.
La pièce est un intrus dans ma garde-robe car je ne porte jamais de chemises. Je leur préfère le confort du jersey, mais je trouve aussi que les cols classiques ne me vont pas. Ce projet va-t-il me faire changer d’avis ?

LE PATRON

Quand le patron de la chemise Vitamine d’Ivanne Soufflet est sorti il y a quelques années, j’ai eu un coup de coeur pour l’une des versions alternatives, qui sortait de l’ordinaire. En effet, la créatrice est réputée pour la grande polyvalence de ses patrons, qui permettent d’obtenir un rendu bien différent selon que l’on combine telles ou telles options. Pour ma part, j’ai flashé sur le double col figurant dans les options tout en restant sur la classique version B. Les pinces poitrine en « V » sont quant à elles présentes sur toutes les versions, c’est la particularité de ce patron.

Ce n’est pas ma première chemise, j’en ai fait plusieurs en BEP sans compter les pièces d’études mais jamais pour moi, et accessoirement… c’était il y a 20 ans (ouch, oui j’ai recompté, ça fait mal !). Donc des explications détaillées avec des schémas, qui sont la marque de fabrique de cette créatrice, étaient bienvenues. Néanmoins j’ai parfois eu du mal à m’y retrouver parmi les différents fichiers (déclinés en version résumée ou détaillée) pour trouver comment combiner les options, d’autant plus que j’ai cousu par petites touches. En se concentrant, on s’y retrouve, et on apprécie, le tout étant très qualitatif. On se demande comment il possible de passer autant de temps de création sur un seul patron !

Concernant la taille, suivant le tableau, j’ai gradé entre un 34 poitrine et un 36 hanches (le tour de taille n’est pas indiqué). Uniquement vendu en PDF, celui-ci comporte des calques par tailles mais pas de valeurs de couture qu’il convient d’ajouter : il faut bien bosser un peu ! Les lignes sont distinguées uniquement par des couleurs et non des traits variables (détail important quand on est régulièrement en panne d’encre).

MATÉRIEL

Pas très confiante, pas tant question technique mais plutôt morphologie et ajustements à prévoir, j’ai décidé de faire de cette version une toile portable avant de passer à la réalisation définitive pour l’été (prochain projet parmi tant d’autres…). Quitte à réaliser deux fois le même patron, j’ai fait une version hiver pour le test, avec manches longues avec fentes indéchirables et poignets. Histoire aussi, de réviser les classiques.

Le tissu est issu de mon stock, un coupon au poids de chez Toto Rennes, un coton (poly?) bleu marine à motifs de… cigales ? papillons ? Bref, encore des bestioles (je vote pour mouches !). Même si je l’adore, c’était donner de la confiture aux cochons, car je me suis appliquée à faire et défaire pour obtenir de belles finitions alors que ce tissu comporte plein de défauts d’impression et qu’il ne fera pas long feu.

J’ai du slalomer entre les défauts lors de la coupe, sans pouvoir éviter sur la fin les morceaux à motifs foirés que j’ai placé à l’intérieur des poignets. Un certain temps de préparation donc, avant de commencer à coudre, sans compter le report des repères et les pièces en thermocollant.

Le thermocollant. Une histoire qui se répète d’un projet à l’autre, après mon Brené : il cartonne trop et gâche le projet. Malgré ma persévérance, la surépaisseur qu’il engendre produit des décalages dans l’alignement de pièces stratégiques : col, poignets. Ça se voit d’autant plus que je surpique tout, au-delà du préconisé. J’ai vraiment des progrès à faire de ce côté.

Comme pour la taille des boutons, je n’ai pas trouvé d’infos précises au sujet du thermocollant dans les instructions. Pour la prochaine Vitamine, je me suis d’ores et déjà équipée d’une Vieseline plus fine, la H180, mais j’aurais du ruser comme on me l’avait appris en coupant le thermocollant sans les valeurs de couture.

Enfin note positive quand même, j’ai suis très contente des boutons en bois (Self Tissus), qui rendent bien avec le tissu. C’est la communauté Thread & Needles qui m’a aidée à faire le choix entre les trouzmille possibilités de mon stock lors des rencontres irl de 2023. Merci à toutes !

RÉALISATION

Je ne vais pas rentrer dans les détails, puisque d’autres l’on fait avant moi il y a un moment déjà, le patron datant un peu. J’ai particulièrement apprécié le retour de SBcréations, d’autant plus que j’ai choisi une version identique à la sienne. Ses articles sont toujours très détaillés et didactiques, ce qui représente une aide précieuse, qui malheureusement se raréfie avec l’abandon des blogs au profit d’Instagram.

Évidemment j’ai galéré par moments, mais étrangement pas là où je pensais ! Prise de sueur froides à la vue de la fiche « SOS embu » en repensant à ma prise de tête sur ce haut Burda du 12/2013, j’ai appréhendé jusqu’au montage de la manche… qui s’est très bien passé ! Il faut dire que je n’ai pas hésité à tracer de nombreuses lignes et repères, et à bâtir « en préventif ».

En revanche, j’ai parfois buté sur des points simples, comme ce foutu ourlet. Juste avant de manger.  » J’arriiiiiive !!! Dans 5 minutes !  » Au 52e épinglage raté, j’ai levé les yeux vers le ciel et imploré de l’aide là haut. Jean-Pierre, appel à un ami. Chez moi, toutes les bobines sont rangées à l’abri de la lumière. SAUF UNE : celle du fil à bâtir, en permanence sur l’étagère. Elle est magique, des années que je m’en sers, et le volume ne descend pas. Et surtout, elle résout tous les problèmes. Problème de couture seulement, ‘faut pas exagérer non plus. Bon les apparences de l’ourlet sont sauves, mais faudrait pas regarder à l’intérieur.

Sans suspens, le col officier n’est pas tout à fait réussi malgré mon acharnement sur le découd-vite et l’usage effréné de craie à tailleur et fil à bâtir. Il y a de la reprise points dans points à gogo, signe que j’ai beaucoup souffert. Il aurait pu être correct (excepté un petit pli…) s’il avait été parfaitement aligné avec la patte de boutonnage, mais je déclare forfait sur une telle épaisseur : voir le chapitre « plaintes à propos du méchant thermocollant ».

Le seul vrai problème dont je ne trouve pas l’origine est la patte de fente indéchirable trop courte. J’ai revérifié le patron, la fente sur la manche, tout est ok. Il me manquait un bon centimètre et demi, mais ce problème n’est signalé nulle part, alors cela vient sans doute de moi. Alors là, j’ai fait un truc vraiment très sale : j’ai laissé un espace sur l’une des manches entre la fente et le poignet (sur l’autre, j’ai réussi à gagner quelques mm en recentrant). Résultat : on voit les points de fixation du début de la patte. Erk ! Il faut dire qu’à ce moment là, encore trop diminuée après une opération, je ne me suis pas sentie capable de me mettre à quatre pattes pour recouper 10 cm de tissu. Tant pis.

Toujours à propos du poignet, alors que le schéma de la fente indéchirable ne m’a pas posé problème contrairement à Sbcréations, j’ai buté un moment sur l’étape du poignet, avant de m’apercevoir qu’il y avait peut-être un problème. Selon moi, le schéma de montage du poignet est inversé entre l’étape D et E (la pièce est pivotée par rapport à l’étape D mais les repères de boutonnières restent au mêmes endroits).

CONFORT / ESTHÉTIQUE

Le résultat est tout à fait potable, même si le col cartonné/gondolé – qui est quand même tout l’intérêt de ce patron – me chagrine. J’espère que le lavage aidera un peu, car point de salut du côté fer à repasser. Contrairement aux apparences, les manches ne sont pas trop longues : quand je plis le coude, je les trouve même trop courtes.

Le tissu, d’un beau bleu foncé difficile à restituer fidèlement en photo, accroche joliment la lumière et fait ressortir les pinces (et tous les plis !).

Même si je suis contente du travail accompli malgré les défauts, je ne saurais pas dire si j’aime ou j’aime pas. L’association tissu/boutons me plait vraiment, le patron aussi, le problème se situerait peut-être plus dans le contenu que le contenant… Ce long cou et épaules tombantes qui enlaidiraient tous les cols de chemise de la Terre…

Puisque nous abordons le chapitre des difformités, parlons des ajustements : je n’en ai fait aucun. Pour une fois la pince poitrine me semble à peu près bien placée. En revanche, je rejoins les avis à propos de l’emmanchure : j’ai beau être sèche du biceps, il n’y a rien de trop. Je dirai même qu’en mouvement, cela cisaille un peu. Ou alors je ne suis pas habituée aux chemises.

Bien sûr, ma mauvaise posture produit des plis dès que je ne bombe littéralement plus le torse devant un miroir ou un appareil photo. Mais là je me sens impuissante : à part choisir la version avec pli d’aisance au dos, que faire ? Ajustements pour épaules tombantes, dos voûté ? Je serais tentée de retourner à mes t-shirt en jersey si un autre joli tissu (à bestioles, encore) ne me tendait pas les bras !

(Les photos en extérieur sont de M.Mousse que je remercie)